Les derniers arrivages à la SAQ vous font de l’œil ?
Permettez que je leur tire les lièges du nez pour vous aider à mieux les circonscrire.
Qu’ils soient blancs, rosés, oranges, clairets, rouges profonds
ou toutes les couleurs de l’arc-en-ciel
Qu’ils soient bios ou pas bios
Naturels ou surnaturels,
Je vous les livre sans autres préjugés que celui qui se nourrit à même l’intégrité et l’émotion
qu’ils inspirent.
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Moins de 20 $
Visan « Notre Dame des Vignes » 2023, Rhonea, Côtes du Rhône Villages, France (19,45 $ - 15038327)
Les vins issus des Côtes du Rhône, je ne vous apprends rien, constituent toujours de belles affaires à prendre. Variétés de style, signatures éloquentes des terroirs ainsi qu’une moyenne qualitative sur l’ensemble de l’appellation ici particulièrement élevée assurent aux rouges mais aussi aux blancs dont on souhaiterait une proportion plus élargie, une production fiable sur laquelle on peut compter. Quel que soit la situation ou le contexte. Voici un bel exemple de blanc sec où grenache blanc, viognier, clairette et roussanne cohabitent tout autant avec fraîcheur que clarté, jouant sur les notes florales et les fruits blancs dont on sent déjà la texture sous les dents tant le tout est crédible et réaliste. À moins de 20 $, difficile de ne pas flirter avec ce blanc doté d’un équilibre impeccable.
(5) ***
Le canon
Les Laquets 2021, Cahors, Sud-Ouest, France (47 $ - 10328587)
La carte de visite du tandem Catherine Maisonneuve et Matthieu Cosse ? Physiquement, elle se trouve assouplie sous la texture d’un velours fin qui en préserve toutefois une tension que l’usage du temps n’arrive pas à affaiblir le moindrement. La graphie pour sa part affiche l’alphabet en volutes resserrées à l’encre noire, soigneusement ciselées et finement tracées. Si les cartes de visite sont désormais démodées, cette cuvée, qui complète Le Combal, La Fage et le tout dernier parcellaire gracieusement nommé La Maguerite, est visiblement loin de l’être. Un Cahors d’avenir que l’on boit avec toutes les références du présent, fruit d’un engagement pour la transparence des terroirs comme des malbecs à s’y épanouir pleinement sous le couvert d’une biodiversité bien vivante. Robe violine profonde et arômes de fruits noirs bien frais livrés avec un sens évident de la fête sur une bouche charnue, fine et dynamique, gonflant subtilement en puissance sur la finale. Le gros Cahors noir, obtus et atramentaire d’une certaine époque est désormais aujourd’hui révolu. Et c’est bien comme ça.
(10) **** ©
Le criolla grande
be my Hippie Love 2022, Argentine (25,05 $ - 14917899)
Retour à la fin des années 1960 avec des fleurs plein les cheveux et le cerveau plus épanoui encore ? Toujours est-il que le cépage criolla grande fait partie de ces cépages « créoles » autochtones anciens d’Argentine qui résistera sans doute moins bien à l’assaut des protéines d’une entrecôte de 4 pouces d’épaisseur dont raffolent les Argentins en raison de sa légèreté sur le plan de sa structure tannique. Il sera par contre bien à l’aise sur les légumes grillés ou autres entrées légères. Oui c’est peu coloré, souple et léger de ton, comme si cette infusion fruitée se maintenait sur la corde raide, entre conforter pleinement le palais en l’agaçant par ses notes florales et épicées et s’envoler tant sa subtilité enchante. Une curiosité à faire découvrir servi frais à votre beau-frère ou belle-sœur qui a tout-vu-tout-bu !
(5) ***
Le blanc
Domaine Pellé 2023, Morogues, Menetou-Salon, Loire, France (28,80 $ - 852434)
Ce sauvignon blanc bio se sublime lui-même, tel un beau cumulus aérien qui, sous le coup de sa propre humidité, hésite à laisser tomber en pluie ce qui lui donne ses belles formes arrondies. Nous sommes ici à l’opposé du collègue de Nouvelle-Zélande dont l’intensité et la haute vibration herbacée enlève et élève la bouche avec une stupéfiante verticalité. La maison Pellé est plus sage, plus discrète, s’attachant à livrer ici un toucher de bouche très fin, floral et sautillant, au fruité parfaitement maîtrisé. Un parfum de vin, séduisant et accompli.
(5) ***
Le rouge
Château de Sassangy 2020, Jean & Geno Musso, Côte Chalonnaise, Bourgogne, France (28,20 $ - 15048891)
Si l’aligoté de la même maison vibre avec un formidable tonus, ce pinot noir ne fait pas non plus exception dans ce millésime de grande maturité. Le cépage se profile ici plutôt à la verticale qu’à l’horizontale, préférant, permettez l’analogie, la tenue sportive d’un coureur de 100 mètres à celle plus ample et confortable d’un vêtement de plein air Kanuk bourré de plumes d’oies. Ce rouge bio fort contracté et prêt à la détente sous ses starting block est tout de même doté d’une formidable énergie, libérant au passage de fines nuances de rose et de cerise tout en soutenant le palais avec de légers mais vigoureux tanins. Une interprétation du noirien axé sur le détail, la finesse. Le passer en carafe deux bonnes heures avant de le servir à peine rafraîchi sur des pilons de poulet grillés.
(5) *** ©
Le bio
Finca La Montessa 2022, Palacios Remondo, Rioja, Espagne (24,05 $ - 10556993)
Du côté d’Alfaro, dans la Rioja orientale, Alavaro Palacios signe une fois de plus ce petit bijou de vin dont l’élégance manifeste me surprend à chaque fois, vu le prix exigé. Oui c’est raffiné, sur le plan texture mais aussi sur celui de l’expression fruitée et florale ici intimement fondue à l’élevage barrique dont la maîtrise est fort manifeste. Un rouge qui plaît par sa souplesse et surtout son étonnante fraîcheur bien qu’il y ait matière à mâcher tant la structure est omniprésente. Bref, je ne saurais que trop vous le recommander car c’est… bon. Tout simplement. Une signature fiable.
(5) *** ©
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Autres gourmands de vigne encore disponibles
Nanit 2022, Vin Orange, Bodegas Morgante, Espagne (19,50 $ - 15281247)
Il est orange, il est aussi nature, mais est-il toujours aussi populaire ou est-ce un phénomène de mode passagère, à l’image du vin nature ? Qu’ils soient oranges ou natures, ils ont incontestablement tous deux leur niche, bien qu’il existe aussi des détracteurs. Des goûts et des couleurs ont ne discutent pas. Surtout que les vins sont bons, bien faits, parfois même inspirés. Ce Nanit bio à base de macabeu (ou viura) donne le ton avec bien sur sa robe orange chaude mais aussi par sa jolie complexité, allant du thé Ceylan Orange Pekoe un rien herbacé aux zestes d’orange frais, le tout décliné avec fraîcheur et franchise, relevé de très légers tanins qui ponctuent la finale avec ce je-ne-sais-quoi d’épicé. Très polyvalent à table.
(5) ***
Brouilly « Voujon » 2022, Domaine Ruet, Beaujolais, France (22,35 $ - 11865245)
Avouons-le en toute honnêteté, la gamme de Beaujolais livrée par cette maison le sont à bons, voire à très bon prix, ce qui n’est pas rien dans le paysage viticole actuel. Vrai que le vigneron doit gagner sa vie – il le mérite amplement vu la pénibilité de la tâche – mais cibler le produit avec le juste prix demeure un exercice délicat mais nécessaire. Avec ce Brouilly, on en a pour son argent. Surtout dans ce millésime qui lui assure un charnu fruité bien cadré dans son terroir de Brouilly qui lui apporte cette idée de minéralité qu’on lui reconnait, s’imposant avec fraîcheur, souplesse mais aussi avec de jolis tanins mûrs et bien serrés en finale. Il s’est tiré d’affaire de son mariage avec le pain de viande de ma compagne, ce qui a fait trois heureux à table en comptant le gamay.
(5) ***
Chardonnay 2022, Kara-Tara, Afrique du Sud (26,20 $ - 15340913)
On aurait pu confondre ce blanc sec avec son homologue de la Vallée de la Niagara tant le fruité y brille avec intensité et éclat. Passé la légère note soufrée (certains confondront avec le silex, la carafe s’impose ici), le vin joue de nuances sur les notes de poire, de pomme et de grillé conféré par l’élevage en fût français, le tout décliné avec vivacité, légèreté mais aussi longueur. Un vin articulé, longiligne, fort convaincant.
(5) *** ©
Réserve du Champs des Nummus 2023, Claude Vialade, Limoux Blanc, Languedoc, France (26,90 $ - 15327233)
Madame Claude aguiche et charme ici. Son chardonnay bio est tout autant une arme de séduction massive qu’il trouve ici une expression d’une pureté à vous faire vous interroger sur le sexe des anges. Un blanc sec vertical qui monte et monte encore, tel un geyser floral où la pomme, l’abricot et le citron se taquinent et se courtisent autour d’une texture suave et vivante, enrichie à même un séjour sur lies fines qui ajoute à la profondeur. Superbe Madame Vialade !
(5+) ***1/2 ©
Ultreia 2020, Bierzo, Espagne (30,25 $ - 13918494)
Des membres de Studio Vin me faisaient déguster cet été un millésime ancien de la star espagnole Raul Pérez. Époustouflant de race, de profondeur. Serait-il l’un des grands maîtres du cépage mencia ? Toujours est-il qu’une décennie de bouteille l’avait élevé au niveau du grand vin, tout simplement. Cette cuvée démontre la maîtrise du vigneron à traiter le cépage; cueilli à maturité, « infuser » sans lui tirer de notes végétales ou herbacées, ce rouge riche, velouté mais aussi dotés de généreux tanins offre structure, épaisseur, fraîcheur et longueur. Une maison non seulement à fréquenter mais à inviter dans sa propre cave pour un développement ultérieur. D’autres cuvées de monsieur Pérez se trouvent ici et là en tablettes. Je ne saurais trop vous retenir !
(5+) ***1/2 ©
Chenin Blanc Vieilles Vignes 2022, L’École No 4, Yakima Valley, Washington State, États-Unis (34,25 $ - 15100426)
Plantés dans les années 1970 par l’une des maisons familiales pionnières de la région, ces chenins blancs réjouissent par leur sève à la fois dense et friande, la maturité du fruité ainsi que le superbe équilibre d’ensemble. Rien à voir cependant avec ses confrères ligériens et sud-africains bien qu’il se maintient ici ce fil d’Ariane à la fois tendu et minéral qui ajoute au sérieux tout en offrant une bouche parfaitement maîtrisée. Hautement recommandable.
(5+) ***1/2 ©
Château Palais Cardinal 2019, Saint-Émilion Grand Cru, Bordeaux, France (38,75 $ - 15149983)
Difficile de s’y retrouver dans tous ces crus de Saint-Émilion. Je ne les ai pas personnellement tous parcourus mais il arrive, qu’à bon prix, l’un d’eux se distinguent. Celui-ci inspire, par sa délicatesse d’exécution et sa volonté à vouloir vous laisser venir à lui, sans multiplier les artifices ou élever la voix. Il a de la classe ce Palais Cardinal. Le fuité y est mûr, précis et délicieux, surtout fort bien inséré dans son écrin boisé. L’allonge est de plus perceptible. Un flacon à s’offrir un vendredi soir pour se féliciter d’être simplement en vie.
(5+) ***1/2 ©
SUR LE PLAN NOTATION
Le vin est noté dans l’absolu
et non dans sa catégorie sur une base de ***** avec des 1/2 *
* : Peu inspiré
** : Correct
*** : Bon vin
**** : Grand vin
***** : Exceptionnel
Quand le boire ?
(5) : À son meilleur d’ici 5 ans
(5+) : Gagnera à se bonifier après 5 ans
(10) : Atteindra son plateau de maturité après 10 ans
© : Gagnera à séjourner en carafe
À noter que toutes évaluations et notations sont relatives.
Elles s’inscrivent dans une idée de temps, de lieux, de circonstances, de qualité d’échantillons et bien sûr de l’humeur – bonne ou mauvaise - du dégustateur !
À noter aussi que TOUS les échantillons reçus sont dégustés par l’auteur. Ils sont complétés d’achats ponctuels à la SAQ.
Les quantités disponibles peuvent fluctuer d’une succursale SAQ à l’autre.