Les derniers arrivages à la SAQ vous font de l’œil ?
Permettez que je leur tire les lièges du nez pour vous aider à mieux les circonscrire.
Qu’ils soient blancs, rosés, oranges, clairets, rouges profonds
ou toutes les couleurs de l’arc-en-ciel
Qu’ils soient bios ou pas bios
Naturels ou surnaturels,
Je vous les livre sans autres préjugés que celui qui se nourrit à même l’intégrité et l’émotion qu’ils inspirent.
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Moins de 20 $
Il Brecciarolo Rosso Piceno Superiore 2022, Velenesi, Les Marches, Italie (15,80 $ - 10542647)
Ce rouge a longtemps fait partie de ma sélection lors des éditions des « 100 Meilleurs Vins à moins de 25 $ » et pour cause. Cette cuvée n’est qu’une des très nombreuses mises en marché de produits à la fois modernes, d’une extraordinaire régularité qualitative et aux prix très étudiés produite par l’équipe d’Angela et d’Ercole Velenosi. Ici, le montepulciano (ici à 70 %) et le sangiovese y sont à ce point copain-copain qu’ils en deviennent siamois tant leur complémentarité semble évidente. Un rouge coloré, puissant mais souple et bien frais aux fruités mûrs, souples, de jolie consistance, simple d’expression certes mais délicieux. Surtout polyvalent à table. La version en blanc – 17,40 $ - 15321131 – mais surtout le magnum 2018 (11164297) est, à 24,80 $, sans doute la meilleure affaire dans ce format à la SAQ actuellement.
(5) **1/2
Le canon
Brunello di Montalcino 2018, Col D’Orcia, Toscane, Italie (61,25 $ - 15278996)
Ce pur sangiovese bio est d’une force tout simplement herculéenne. Sans toutefois sacrifier à la finesse de l’ensemble. Ces quelques années de bouteille lui auront ouvert une fenêtre dont on soupçonne déjà aujourd’hui l’énorme potentiel mais c’est déjà le bouquet qui fascine derrière une robe grenat d’intensité moyenne. Un bouquet complexe et détaillé aux nuances de roses fanées et de graphite, de cèdre, de bois de rose, de morille, presque de truffe (cela viendra dans quelques années !). La bouche n’est pas en reste, très fraîche, étoffant de substantiels tanins épicés sur un ensemble encore à se fondre. Une grande bouteille mais surtout un vin de soir pour table gastronomique. Les Bordeaux sont hors de prix ? vous avez là une alternative fiable !
(10) ****1/2 ©
Le Pive
Le Pive Gris, Maison JeanJean, Sable de Camargue, France (6,20 $ les 250 ml – 14736297)
Ce p’tit gris a fière allure ! Son conditionnement en cannette ne devrait nullement décourager les amateurs mais plutôt les rassurer sur la qualité mais surtout sur la fraîcheur qui se dégage de l’ensemble. La Camargue et ses sables en bordure de mer assurent ici une signature singulière aux grenaches noirs et gris ainsi qu’au merlot et à la syrah qui, à même les sables filtrants, lui confère finesse et salinité, légèreté et jolie longueur. Un rosé bien sec, friand et des plus estival. Une cuvée souriante comme la dynamique Brigitte JeanJean qui nous la propose dans cette version des plus pratique.
(5) **1/2
Le blanc
Bourgogne « Jurassique » 2022, Jean-Marc Brocard, Bourgogne, France (24,80 $ - 11459087)
À moins de 25 $, l’impression de savourer un chablis à 10 $ de plus ! Le chardonnay comme l’amateur de « cha-r-blis » y trouveront leur compte, le premier en mordant dans le terroir pour en tirer la veine crayeuse et le second pour mieux dégoupiller une bourriche d’huîtres fraîches qui en rehausseront la salinité. Un blanc sec impeccablement vinifié mais aussi inspiré que je place parmi mes tops chardonnays du moment !
(5) ***1/2
Le rouge
Carobbio 2018, Chianti Classico, Toscane, Italie (25,80 $ - 13694486)
Le spaghetti sauce ragù du lundi soir est au programme ? Évidemment que le sangiovese de Toscane, même dans ses plus simples apparats, est un incontournable. Et ce Carobbio en est le parfait lubrifiant pour stimuler le fruité de la tomate qui trouve ici un allier sûr. Voilà un chianti à point, au fruité fondu, bien vivant sur le plan fraîcheur, moyennement corsé et pourvu d’une finale épicée. Classique.
(5) **1/2
Le bio
Pieropan « La Rocca » 2022, Vénétie, Italie (39,25 $ - 897066)
Mon ami Jean grand amateur de chardonnay y a vu un Bourgogne 1er cru en dégustant ce pur garganega à l’aveugle. Je lui pardonne bien évidemment son erreur ampélographique comme géographique mais je dois avouer du coup que la finesse de texture, la subtile intégration boisée, l’équilibre de fraîcheur et le doigt de profondeur de ce blanc sec transporte au plus haut niveau. Pêche mûre et abricot taquinent ici des notes miellées des plus séduisantes. Je l’appréciais dernièrement servi sur une picatta al limone préparée par ma compagne adorée. J’espère que vous aurez la même chance !
(5) ***1/2 ©
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Autres gourmands de vigne encore disponibles
Kumeu River « Village » 2023, Nouvelle-Zélande (22,95 $ - 13565481)
Le Master of Wine Michael Brajkovich était-il à ce point nostalgique d’une Bourgogne située à quelques 18 601 kilomètres de ses propres vignobles pour oser reproduire chez lui les célèbres vins blancs du pays de Philippe le Hardi ? La comparaison tient le coup ! À la diabolique précision du fruité se manifeste ici une tension des plus vertigineuse, comme si la pomme et la poire ne cessait de sautiller sur la langue pour mieux rebondir avec éclat au palais. Un blanc sec léger et passablement tonique, dynamique même, pourvu de nuances grillées qui ne sont pas sans évoquer un court séjour en barrique. On se rapproche d’un blanc de la Côte de Beaune ? Demandez à Brajkovich ! Superbe chardonnay au style précis, économe et bien tracé. À
ce prix, 6 bouteilles pour les amis. Salade de homard ou petit chèvre chaud.
(5) ***
Hautes Noëlle « Galénée » 2021, Loire, France (23,75 $ - 15316577)
A-t-on gagné le gros lot ? Vu l’engouement pour le cépage grolleau planté vers 1810 par un certain M. Lothion pas très loin de Cinq-Mars-La-Pile à l’ouest de Tours en Loire, tout porte à croire que c’est ici le jackpot ! Troisième variétés ligériennes plantées après le cabernet franc et le gamay noir, le grolleau s’offre des volumes sur pied confortables d’où la nécessité d’une taille courte pour en limiter les rendements. Juliane et Jean-Gabriel Tridon nous en offrent un profil axé sur la légèreté fruitée et ce goût croquant d’été dont on en savoure la sève jusqu’à la dernière goutte. C’est frais, un rien épicée avec une touche animale qui n’altère en rien le caractère du gamay malgré les quelques « bretts », ici inoffensives.
(5) **1/2
Château Vignelaure Rosé 2022, Coteaux d’Aix en Provence, France (26,45 $ - 12374149)
Mette et Bengt Sundstrøm réussissent ici le pari d’un rosé élégant mais qui ne manque pas de caractère non plus. Si vous passez en Provence, Vignelaure est incontournable, tout comme La Tour l’Évêque administré avec passion par Régine Sumeire. Le cabernet sauvignon semble l’emporter ici sur le grenache et la syrah en y conférant une impression de tanins fins, des tanins qui semblent profiter de la densité et de la vitalité de l’ensemble. À ce prix, beaucoup d’élégance encore une fois. Une tarte fine aux tomates provençales étaient servi sur place pour l’accompagner. Princier.
(5) ***1/2
Capitel Foscarino 2022, Anselmi, Vénétie, Italie (27,70 $ - 928218)
Roberto Anselmi est un précurseur mais aussi un drôle d’oiseau. C’est le restaurateur Moreno de Marche (Le Latini) qui me le présentait au tournant des années 1980 alors que son soave avait le vent en poupe dans les succursales de la SAQ. Précurseur, car il passait quelques années plus tard sur un palissage de type Guyot dans son vignoble alors que la tradition assurait le maintien de la pergola pour le cépage garganega local. Avec pour résultat qu’il quittera l’appellation Soave, ajoutant le sauvignon et le chardonnay dans ses parcelles qui s’étendent sur environ 70 hectares aujourd’hui, principalement en agriculture biologique. Le garganega (pour 90 % de l’assemblage) se frotte au chardonnay dans ce cru aux nuances citronnées et florales, plutôt suave de texture et bien vivant sur le plan de l’acidité. C’est net, pur et distingué.
(5) ***
Muscadet de Sèvre et Maine « Goulaine » 2018, Jérémie Huchet, Loire, France (29,80 $ - 13995123)
Le cru Goulaine (l’un des 10 homologués) est sans doute le plus précoce des 10 crus en appellation Muscadet de Sèvre et Maine. Un climat bien ventilé où le melon de Bourgogne s’offre une patine particulièrement satinée et harmonieuse, à même ses sous-sols de schistes et micaschistes. Pas de bâtonnage ici mais un séjour de 54 mois sur lies fines qui ajoute à la profondeur et à la longueur. Un melon bio délicat, brillant de précision dont personnellement je ne me lasse pas.
(5+) **** ©
SUR LE PLAN NOTATION
Le vin est noté dans l’absolu
et non dans sa catégorie sur une base de ***** avec des 1/2 *
* : Peu inspiré
** : Correct
*** : Bon vin
**** : Grand vin
***** : Exceptionnel
Quand le boire ?
(5) : À son meilleur d’ici 5 ans
(5+) : Gagnera à se bonifier après 5 ans
(10) : Atteindra son plateau de maturité après 10 ans
© : Gagnera à séjourner en carafe
À noter que toutes évaluations et notations sont relatives.
Elles s’inscrivent dans une idée de temps, de lieux, de circonstances, de qualité d’échantillons et bien sûr de l’humeur – bonne ou mauvaise - du dégustateur !
À noter aussi que tous les échantillons reçus sont dégustés par l’auteur. Ils sont complétés d’achats ponctuels à la SAQ.
Les quantités disponibles peuvent fluctuer d’une succursale SAQ à l’autre.