Grapillés et autres gourmands
Semaine du 1er Juillet 2024
Les derniers arrivages à la SAQ vous font de l’œil? Permettez que je leur tire les lièges du nez pour vous aider à mieux les circonscrire. Qu’ils soient blancs, rosés, oranges, clairets, rouges profonds ou toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, qu’ils soient bios ou pas bios, naturels ou surnaturels, je vous les livre sans autres préjugés que celui qui se nourrit à même l’intégrité et l’émotion qu’ils inspirent.
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Semaine du 1er juillet 2024
Moins de 20 $
Riesling 2022, Pas Sages, Ontario, Canada (17,60 $ - 15067654)
Le nom du vin s’adresse moins aux gens turbulents que ceux qui s’initient aux nombreux cépages, par l’entremise d’un passage, d’une initiation. Cet étalon de mesure canadien nous en propose un profil net doté de tous les attributs du bon riesling à savoir son acidité tranchante habilement balancée par une touche de sucres résiduels qui enrichissent les fruités de pomme et de poire. Un joli blanc aromatique pour faire ses classes, surtout sur les dumplings et autres rouleaux de printemps !
(5) **1/2
Le canon
Crozes-Hermitage 2020, E. Guigal, Rhône, France (34,50 $ - 15182118)
Pratiquement une cuvée essentiellement à base de marsanne pour partie et issue de l’ancien vignoble de Vallouit. Et bien sûr, mis en scène par ces bosseurs, que dis-je, ces fins assembleurs que sont les Guigal, père et fils. L’occasion ici de se frotter à l’un des rares blancs de cette appellation et de mesurer l’impact que ce blanc sec aux notes florales peut avoir sur un pétoncle grillé « satellisé » sous la mousseline de son sabayon aux agrumes confits.
(5) ***1/2 ©
L’ami estival
Mystique, Weingut Weszeli, Autriche (22,55 $ - 15320533)
Ce sont aujourd’hui 30 hectares de vignobles pensés, cultivés, guidés et inspirés par une approche d’agriculture biodynamique que Davis Weszeli s’affaire à baliser, avec tout le doigté d’un homme qui bichonne une production à vous rendre jaloux de ne pas être à sa place. Les zweigelt, sämling et muller-thügaus s’infusent ici avec vivacité, légèreté et transparence sous le couvert d’une couleur qui n’est ni rouge ni rosé mais arbore fièrement tous les pigments des fruits de l’été. Un flacon de sincérité qui tranche et vous met les pendules à l’heure du bonheur. Ici et maintenant. Servir frais sur tous les tapas qui vous tombent sous la main.
(5) ***
Le blanc
Pinot Bianco 2023, Aloïs Lageder, Südtirol - Alto Adige, Italie (21,25 $ - 12057004)
Profitons ici avantageusement de l’expertise de la célèbre maison sudtirolienne en se frottant à ce pur pinot blanc essentiellement fournit par des achats de raisins triés sur le volet en raison de vignerons fiables. Tout y est résumé : le caractère, la subtilité, la précision et l’éclat d’un fruité qui manifestement brille de ses propres ailes. Un blanc sec léger en tous points impeccable d’intégrité. Taquinez-le avec un tartare de crevette ou une salade niçoise par exemple.
(5) ***
Le rouge
Becco Reale 2018, VignaMadre, Montepulciano d’Abbruzzo, Italie (23,10 $ - 15269272)
Le cépage montepulciano n’a ni la finesse ni la longévité des meilleurs sangioveses mais il le complète à merveille par la profondeur de sa robe et la nature particulièrement élevée en polyphénols qui lui assure structure et densité tannique. C’est un paysan, laborieux et travaillant, peu enclin aux mots d’esprits et à la conversation, un rien tâcheron, toujours fiable quant aux résultats espérés. Un rouge de gibier qui ne se perd pas dans les nuances mais qui assure, conforte et en met plein la bouche. Ce millésime 2018 n’a pas bougé d’un iota, comme figé dans sa propre évolution. Le passer en carafe deux bonnes heures avant de le servir dans un verre large comme un bateau ivre.
(5+) **1/2 ©
Le bio
Saumur-Champigny 2023, Domaine des Roches Neuves, Loire, France (29,40 $ - 10689622)
Le fameux cépage breton – qui faisait déjà tourner la tête de François Rabelais à une époque où il était interdit de quitter la table avant d’avoir bouffer ses dix saucisses, neuf cailles, huit perdrix, sept darnes de saumon, six tranches de sanglier, cinq morues, quatre lièvres, trois poulets, deux cochons et une… une souris verte et sa sauce chimichurri bien évidemment – serait fort méconnaissable aujourd’hui du célèbre auteur du Gargantua.
Les vignerons Thierry et Louis Germains lui insufflent ici une fraîcheur mais aussi une intégrité fruitée qui font belles à boire. Un rouge de corps moyen mais de haute maturité sans toutefois fléchir sous le poids d’un ensemble trop vineux ni trop structuré. Une pureté de vin d’un équilibre tout simplement magnifique et dont le fil d’Arianne se résume avant tout à la joie toute simple de boire bon et de boire sainement.
(5) ***1/2
Autres gourmands de vigne encore disponibles:
Chardonnay 2022, Cantina Terlan, Südtirol – Alto Adige, Italie (26,40 $ - 14098176)
Cette région alpine d’altitude livre en quelque sorte cet idéal que l’on se fait en matière de vin blanc sec, précis et élégant. L’endroit, le contexte font plaisir à voir, comme si la pureté des lieux transpirait dans ses blancs comme ses rouges, les articulant comme des mécaniques dont la lubrification fine étonne à tout coup. Cette coopérative à l’image de ses consœurs de très haut niveau que sont les cantina Kurtatsch, Colterenzio, St-Pauls ou encore, St. Michael-Eppan propose ici un chardonnay sous tension fine, au fruité éclatant à peine titiller par le boisé. La classe. Escalope de veau à la crème?
(5) ***1/2 (c)
Chianti Classico 2021, Tenuta di Renieri, Toscane, Italie (23,40 $ - 13387136)
Ce sangiovese bio n’y va pas par quatre chemins. Il affiche d’office une puissance de caractère nourrie à même une densité de tanins mûrs et fort étoffés. Fraîcheur évidemment, beaucoup de fraîcheur qui accommode la vinosité substantielle de l’ensemble et dont la finale boisée et épicée profite à merveille. Une belle pièce de viande grillée le fera valser sur lui-même.
(5+) *** ©
Pigeon Hill 2022, Saint-Armand, Québec (25 $ en boutique)
J’étais dans une petite boutique sur la rue Fairmont à Montréal où les sandwichs semblaient plus qu’invitants, surtout que la faim tenaillait comme un doux supplice. Derrière moi, rangée comme des soldats prêts au combat pour défaire la soif, cette cuvée de Manon à base de marquette, de pinot noir, de frontenac noir et de petite perle. Le réflexe salutaire tel celui de Pavlov a fait le reste ! La soif est revenue, appétante et sincère, se frottant ici à des tanins mûrs, riches et substantiels, avec ce goût étonnant et profond de cassis fumé à la clé. Diable que j’étais heureux. Je le suis toujours. Merci Manon!
(5) ***
Domaine du Carra « Les Burdalines » 2022, Moulin-à-Vent, Beaujolais, France (25,25 $ - 13618184)
Cette qualité de vin à ce prix ? Voilà un cadeau pour le compagnon du Beaujolais que je suis et que je revendique sans la moindre petite honte. Tout le contraire ! Voilà du gamay et du bon, ample et charnu, bien mûr et doté à la fois de profondeur et de textures à vous envelopper une saucisse, voire une andouillette sans fléchir. J’aime.
(5) *** ©
Moments 2023, Huber, Autriche (25,65 $ - 15317721)
L’été se croque et se vit encore une fois au-delà de toutes soifs raisonnables avec cet assemblage où les notes florales, un rien épicées virevoltent comme dans un manège de fête foraine. Un rosé bien sec qui conviendra aux entrées méditerranéennes où ratatouille et tarte fine aux tomates sont à l’honneur. Un beau moment de rosé ici, intègre, droit et savoureux.
(5) ***
Petite Lily 2022, Château Climens, Bordeaux, France (32,25 $ - 15314264)
On imagine la douceur, la rondeur et le moelleux lorsque le nez puis le palais s’approchent de ce pur sémillon ici conduit en culture biodynamique. On l’imagine dans sa version botrytisée alors qu’il est bien sec et tout en légèreté, tel un fantôme suggérant ces délicieuses pâtes de fruit mais sans le moindre gramme de sucre. Ce qui étonne plus encore réside dans cette vibration fine, au nez comme en bouche, dotée cette impression de sapidité qui invite à poursuivre en profondeur, longuement, avec une clarté, une élégance qui étonnent ici.
(5+) **** ©
Moulin-à-Vent 2021, Richard Rottiers, Beaujolais, France (36,50 $ - 14556181)
Voilà un cru fort étoffé dans ce millésime en dents de scie. Le fuité y est net et intègre, à la fois juteux mais aussi fort sérieux, avec une profondeur qui, au fil de la dégustation se manifeste, comme si l’on ouvrait une Boîte de Pandore. Ensemble consistent, de belle longueur.
(5+) ***1/2 ©
Marsannay Vieilles Vignes 2017, Pierre Naigeon, Bourgogne, France (50 $ - 12875576)
Il y a de ces moments magiques où l’on sait pourquoi on boit du vin de Bourgogne. On économise ses sous puis hop ! on commet cet achat dont on souhaite qu’il sera ni plus ni moins que mémorable. La somme de 50 $ est pour moi la limite décente pour tout achat de vin, qu’il se hisse au niveau d’un grand cru ou qu’il soit un parfait inconnu. Rien ne justifie de payer plus. Rien. Le jus fermenté de la vigne n’a que faire de ces spéculateurs et autres buveurs d’étiquettes qui dictent ce marché de con dont vous êtes bien évidemment exclu. Pierre Naigeon mérite amplement le détour avec ses vieilles vignes redoutables de jeunesse, d’impétuosité, de vigueur et de fruit éclatant. On reste littéralement suspendu sur le buvant de son verre « Riedel - Veloce - Pinot Noir » tant la matière est belle et sincère. Un pinot fin qui a du « fond », doté d’une solide trame tannique, très fraîche, encore un rien astringente. Comme si l’on mâchait du gevrey-chambertin ! Les cinq, huit et dix prochaines années sauront sans doute ressusciter ces moments magiques où l’on sait pourquoi on boit du vin de Bourgogne…
(10) **** ©
SUR LE PLAN NOTATION
Le vin est noté dans l’absolu
et non dans sa catégorie sur une base de ***** avec des 1/2 *
* : Peu inspiré
** : Correct
*** : Bon vin
**** : Grand vin
***** : Exceptionnel
Quand le boire ?
(5) : À son meilleur d’ici 5 ans
(5+) : Gagnera à se bonifier après 5 ans
(10) : Atteindra son plateau de maturité après 10 ans
© : Gagnera à séjourner en carafe
À noter que toutes évaluations et notations sont relatives.
Elles s’inscrivent dans une idée de temps, de lieux, de circonstances, de qualité d’échantillons et bien sûr de l’humeur – bonne ou mauvaise - du dégustateur!
Les quantités disponibles peuvent fluctuer d’une succursale SAQ à l’autre.