Y a-t’il une certaine forme d’hygiénisme plus ou moins malsain dans l’air? Ou bedon serait-ce que - selon les fameux sondages sans lesquels mêmes les cartomanciennes se retrouveraient aujourd’hui au chômage - les « jeunes ne boivent pas de vin » ? Cette dernière observation émise par une personne oeuvrant dans un quotidien Montréalais réputé me fait tout de même sourciller. Les jeunes écoutent-ils de la musique classique pour autant ? Les mettre dans le même panier ou casier de bouteilles est une insulte à leur curiosité naturelle et à leur soif de vivre.
Cela fait exactement un mois jour pour jour que j’ai migré sur la plateforme à laquelle vous vous accrocher avec, j’espère, du bonheur plein les yeux. Merci d’être là ! Vos commentaires sont surtout les bienvenus. Les quatre dernières décennies à parler d’un sujet qui existe depuis déjà plusieurs millénaires n’ont pas été simplement exaltantes mais elles témoignent que les humains que nous sommes s’invitent encore et toujours auprès des Bacchus et autre Dyonisos de ce monde pour embrasser la vie. Je l’ai souvent écrit : À trop boire de vin, on perd à la fois l’acuité du message que le vigneron veut nous raconter et le respect à simplement vouloir l’écouter. De la mesure oui, plutôt que l’inverse. Quoique l’inverse demeurant toujours, selon les Dieux, une parenthèse pour faire le plein.
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D’alcool causons…
À 94 millésimes bien sonnés, ma propre mère ne se prive toujours pas, lorsque la nuit l’étreint silencieusement, de siroter un large dé à coudre de bon cognac XO que je me fais un devoir, depuis des décennies déjà, de lui offrir. J’évite ainsi d’être un fils indigne. Ce qui n'est pas rien. Si ma mère n’est toujours pas à deux doigts de l’extrême onction, foi de fiston, il demeure qu’il s’agit tout de même d’alcool et que l’alcool, messieurs-dames, et que vous le vouliez ou non, eh ben ça tue !
Vous me voyez venir. L’actualité nous plonge de nouveau, à l’instar d’une énième privatisation de la Société des Alcools, dans ces sempiternelles et récurrentes diatribes sur les méfaits de l’alcool. Ne comptez cependant pas sur moi pour faire l’apologie de cette molécule - MORTELLE en majuscule et CH3CH2OH en chinois - sous prétexte que la communauté scientifique - du moins, un « courant » de celle-ci selon le bon docteur Martin Juneau – affirme qu’elle est aussi cancérigène que tout ce que la fonderie Horne a à offrir à la population locale en termes de cocktail revigorant. J’avoue tout de même que j’en ai personnellement souper de cette espèce d’hygiénisme wokiste à vous culpabiliser jusqu’à plus soif.
Essayons d’y boire clair
Assistons-nous ici à l’annulation d’une culture plus que millénaire sous prétexte de santé publique ? Vrai que le tribut est lourd sur le plan social comme sur les finances publiques et que la promotion de l’alcool, à l’image d’autres drogues, n’a pas sa place dans la communauté. Balayons-nous sous le tapis de la distillerie cette contribution raffiné qui, historiquement, a vu le jour sous la houlette des arabes pour être dûment identifié sous le vocable alcool (الكحل al-kuħl) ?
Nier le produit relève d’une pudibonderie et d’une hypocrisie crasse. Selon la statistique qui met dans le même panier vin et alcool (alcoométrie de 40% et plus), 75 % des Canadiens entretiendraient un rapport plus ou moins intime avec le produit. Il serait peut-être temps de faire face à la réalité quitte à foutre la gueule de bois à la morale ambiante tout en « individualisant le risque et en faisant appel au jugement des gens ».
De toute façon, jeûne, privation, abstinence, disette – votre synonyme sera le mien – n’y feront rien sinon créer de la frustration chez celles et ceux qui s’y adonne sans y trouver une motivation qui se rapproche de la paix intérieure. Même une ration modérée (la fameuse et insoutenable modération) peut être la goutte qui fait déborder la carafe si votre équilibre, qu’il soit physique et/ou psychique, n’est pas au rendez-vous. Dans les deux cas, « dis-moi ce que tu ne bois pas et je te dirai comment je me sens par rapport à toi » pourrait être ce nouveau credo pour échapper à cette pression sociale aussi subtile que sournoise exercée sur quiconque s’adonne (ou s’abandonne) à la chose.
Osons enfin la métaphore suivante dont les rouages et mécanismes offrent tout de même quelques similitudes avec les thèmes qui vous sont proposés ici chaque semaine. Déguster un verre de vin qui nous touche c’est un peu comme la rencontre de deux amants. Les préliminaires de la dégustation avant tout pour entrebâiller le jardin des sens dans un premier temps, la reconnaissance en profondeur ensuite des fruits qu’il recèle pour jouir pleinement de tous ses sucs puis, à ce moment même où le vertige des sens part en vrille, atteindre cette fulgurante plénitude où l’on fait corps à la fois avec le vin et avec l’autre. Je soupçonne déjà qu’il ne vous viendrait nullement à l’idée d’abuser de l’un comme de l’autre.
Vous connaissez la désopilante entrevue (https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/cpb7705092707/soignez-vous-par-le-vin) qu’accordait, dans les années 1970, le journaliste Stéphane Collaro au docteur Maury dont l’ouvrage « Soignez-vous par le vin » venait de paraître à l’époque ? On pourrait y greffer la célèbre Prière chablisienne qui a dû à l’époque brasser moralement la cage de vertueux encore enfermés dans le placard. Pourquoi ne pas la chanter en tenant à la main un verre du superbe blanc Brut du Domaine de Bergeville 2022 à 31,50 $ (13374562 – (5) ***1/2) élaboré par le couple Marc Théberge et Ève Rainville niché dans le Plateaux des Appalaches au Québec ?
Il faudra un jour tenter de faire une étude sérieuse sur le rôle important qu'ont les compagnies pharmaceutiques dans le financement de ses campagnes anti-vin.