
C’était en 1987 à Bordeaux, millésime « discret » qui, sans cors ni trompettes, a sans doute rendu l’âme aujourd’hui. Je ne me doutais pas alors, bien calé dans un fauteuil confortable au Domaine de Chevalier en appellation Pessac-Léognan en compagnie du fort distingué monsieur Ricard, pianiste talentueux et propriétaire des lieux, que le millésime 1990 qui allait se pointer le nez trois ans plus tard s’afficherait lui comme un grand, voir un très grand millésime.
Mais pour l’instant, je passais en revue quelques millésimes anciens de Chevalier blanc sous l’œil amusé de mon hôte si généreux. En regardant par la fenêtre, j’avais l’impression que toute la forêt de pins entourant le vignoble se concentrait dans ces blancs secs racés, floraux et miellés, légèrement balsamiques. Symbiose parfaite des lieux et de l’homme pour une communion qui, encore aujourd’hui, demeure empreinte d’une profonde nostalgie.
Il aura fallu 37 ans pour qu’une bouteille de Chevalier rouge de ce fameux millésime 1990 me tombe sous le nez lors d’une dégustation à l’aveugle. De son côté, plus de trois décennies derrière le goulot et, du mien, une plongée en apnée dans des souvenirs ravivés avec un bonheur d’autant plus aiguisé que le vin n’affichait que quelques rides, à l’image d’un aîné qui vous regarde avec sagesse sans se soucier de l’avenir qui s’annonce prometteur. Fruité magnifique, tanins somptueux, harmonie parfaite et finale abyssale. Chapeau bien bas messieurs Ricard et Olivier Bernard pour ce cru mémorable !
Exactement mon type de vin. Souvenir que...Là tout à commencer (avec le blanc). Un très beau et encore présent souvenir!